
Yazd l’ensorcelante, aux portes du désert
De toute les villes que j’ai visitées en Iran, Yazd reste la plus ensorcelante. Celle qui a ce petit côté magique, ce charme semblé tout droit sorti des 1001 nuits – aussi cliché que cela puisse paraître. À la tombée de la nuit, on s’attendrait presque à se voir conter une histoire par Shéhérazade. À défaut, on se laisse envoûter par la douceur de ses nuits, installé.e sur l’un de ses nombreux rooftops.
Pourquoi visiter Yazd ?
Visiter Yazd, c’est se perdre dans son dédale de petites rues en terre. De déambuler dans un décor vieux de 5000 ans, qui semble comme figé par le temps. De découvrir un autre Iran, plus traditionnel et classé au patrimoine mondial par l’Unesco.
Visiter Yazd, c’est aussi y découvrir d’ancestrales prouesses architecturales telles que les Qanat et les Badguir. Et se familiariser avec le Zoroastrisme, ancienne religion de l’Iran dont Yazd est aujourd’hui l’un des principaux foyers.

Quand visiter Yazd ?
De par sa situation géographique, Yazd est surnommé la “fiancée du désert”. Située à quelque 300 kilomètres au sud-est d’Ispahan, la ville est en effet entourée de pleines désertiques.
Par conséquent, le thermomètre grimpe assez vite sur une majeure partie de l’année. Cela étant, seuls les mois de juin, juillet et août sont à éviter. Pour autant, cela reste envisageable. Pendant l’été, les températures moyennes dépassent largement les 30 degrés. Le plus propice reste donc le printemps et l’automne, comme pour tout le centre de l’Iran.
Malgré sa proximité avec le désert, les journées d’hiver et les soirées de printemps restent fraîches. Prévoyez de quoi bien vous couvrir si vous voyagez à ces saisons-là.
Comment se rendre à Yazd ?

Comme Shiraz, Ispahan, et tout autre grande ville d’Iran, se rendre à Yazd ne relève pas de l’exploit. La ville est reliée par tout type de transports, des bus aux avions. Pour une visite sur le “circuit classique”, Yazd se visite bien après Ispahan et avant Kerman ou Shiraz.
Depuis Ispahan, comptez au moins 4 heures de route pour arriver à Yazd. Il en faudra 5 autres pour rejoindre Kerman et ses Kaluts à l’est, ou Shiraz au sud-ouest.
Combien de temps passer à Yazd ?
Le centre historique de Yazd, qui regroupe la majeure partie des lieux à voir, se visite aisément à pied. Passez-y deux jours pleins dans le centre-ville, et prévoyez un jour supplémentaire pour découvrir les horizons.
Que faire et que voir à Yazd ?
Remonter le temps dans les ruelles du centre-ville

Yazd doit son charme à son centre historique, et pour cause : il s’agit de l’une des plus vieilles villes au monde ! Visiter Yazd, c’est donc déambuler dans un dédale de rues en terre, façonnées il y a de cela cinq siècles ! Au milieu de cet enchevêtrement de petites rues se trouve le bazar. Celui-ci s’étend, gracieusement, autour de la mosquée du Vendredi.
Yazd a accueilli les premiers fidèles de Zarathoustra, vu passer les caravanes de la route de la soie et Marco Polo en 1292. Mais bien avant ça, ses habitants ont fait preuve d’une incroyable ingéniosité pour s’adapter à leur environnement. En témoignent plusieurs éléments architecturaux majeurs.

Le premier, c’est le système des Qanats. Un réseau de canaux souterrains qui traverse le pays et alimente naturellement en eau les terres et les villes. Ce système, hélas mal entretenu par endroits, est également classé au patrimoine mondial. On peut en trouver un exemple dans la mosquée du Vendredi (Jomeh Mosque) et en apprendre plus en visitant le musée de l’eau.
Ensuite, il y a le système des “Badguir”, littéralement “attrape-vent”. Ces tours du vent ne sont rien de moins que le premier système de climatisation au monde ! Si l’on en retrouve dans quelques autres villes, et notamment sur la côte du Golfe Persique, ces tours sont emblématiques de Yazd. Des dizaines s’élèvent à l’horizons, créant un décors féerique et unique.
Se faire hypnotiser par le bleu de la mosquée du Vendredi (Jomeh Mosque)

L’un des plus beaux et plus emblématiques monuments de Yazd est sa mosquée du Vendredi. Le bleu de ses fresques, de son dôme et de son imposant portail, est hypnotisant. En particulier, de nuit (même si l’on ne peut alors plus visiter l’intérieur). La mosquée a elle-même plus de 900 ans d’histoire. D’une taille modeste, elle se visite plutôt rapidement. Il est possible, depuis la cour de la mosquée de visiter l’un des accès aux Qanats.
Découvrir ce qui se cache derrière les portes closes
Le centre historique possède plusieurs maisons antiques et bâtiments qui méritent le détour. Alors que les petites rues ocres se ressemblent toutes, lorsque l’on franchit le pas d’une porte, c’est souvent tout un monde nouveau qui s’offre à nous.
Outre le bazar et la mosquée, il est ainsi recommandé de visiter la Prison d’Alexandre (une ancienne école, comme son nom ne l’indique pas) ou la Lariha House Museum (une ancienne demeure privée). Les visites sont rapides mais valent le détour.
Flâner du côté de la place Chaghmagh

C’est aussi l’un des monuments phares de Yazd : le complexe Amir Chaghmagh regroupe une mosquée, un petit bazar, un caravansérail, un hammam. L’imposante façade donnant sur la place, avec ses rangées d’alcôves symétriques, en fait toute la beauté. L’endroit est idéal pour s’asseoir en terrasse d’un café et déguster un Faloodeh, cette glace typique de Shiraz.
La place est en fait un “tekiyeh”, sur lequel on retrouve une très grande structure en bois, appelée “nakhl”. Ces deux éléments sont liés aux cérémonies religieuses d’Ashura, qui ont lieues en septembre. Celles-ci commémorent la mort de l’Imam Hossein, épisode historique fondateur de l’identité chiite et iranienne. Je reviendrai en détail sur Ashura dans un article consacré, mais sachez en tout cas que Yazd est l’une de villes les plus intéressantes pour assister aux commémorations.
Assister au sport des champions dans une Zurkhaneh
Pendant que vous êtes au complexe d’Amir Chaghmagh, faites un crochet par le Zurkhaneh Saheb Al-Zaman. Chaque soir, une douzaine d’hommes viennent s’entraîner dans cette “maison de la force” sous le regard curieux des visiteurs.ses. Ils y pratiquent un sport ancestral considéré comme l’ancêtre de la gymnastique et du culturisme : le Varzesh-e Pahlavani, littéralement le sport des champions.
À l’intérieur d’une petite fosse ronde, les athlètes viennent soulever et manipuler différent accessoires, tourner à toute vitesse sur eux-mêmes, et pratiquer différent mouvements de gymnastique. Ce sport est pratiqué tel qu’il l’était à l’époque de la Perse antique, en faisant l’un des plus vieux sports au monde.
Depuis toujours, la pratique de ce sport est indissociable de valeurs morales, éthiques et spirituelles. C’est au son des percussions et des chants d’un “morshed” (le meneur) que s’entraînent les sportifs, en rendant gloire désormais à Allah.
Découvrir le Zoroastrisme au Temple du feu

Impensable de passer à côté de la visite de l’Atashkadeh, le temple du feu zoroastrien de Yazd. Construit au milieu du XXe siècle, il abrite un feu sacré qui brûle en permanence depuis le Ve siècle. Cela en fait un temple particulièrement important pour les fidèles de cette religion.
En étant au temple, vous avez également l’opportunité de visiter le petit musée attenant. Celui-ci permet une introduction au zoroastrisme et à ses pratiques. Le zoroastrisme, né en Perse, est la plus vieille religion monothéiste au monde qui soit encore pratiquée. Ses adeptes suivent les préceptes de Zarathoustra, leur prophète.
La base de la croyance zoroastrienne repose sur l’affrontement entre le Bien et le Mal. Sa doctrine veut que chacun.e adopte une “bonne pensée, bonne parole, bonne action”. Longtemps religion officielle de l’empire Perse, la figure du dieu Ahura Mazda figure en plusieurs endroits à Persépolis, imprégné de cette idéologie.
Admirer le coucher de soleil aux Tours du silence

Autre haut lieu du Zoroastrisme à Yazd et en Iran : les Tours du silence. Ces deux édifices sont situés en haut d’une petite colline à la sortie de Yazd. Il s’agit de deux structures rondes qui servaient autrefois à déposer les corps des défunts.
Dans la croyance zoroastrienne, la terre, le feu et l’eau sont des éléments sacrés. Impossible donc, de les souiller avec le corps, impur, d’un défunt. Ceux-ci étaient donc déposés au sommet de ces collines, dans ces Tours du silence, où les animaux se chargeaient de les faire disparaître, leurs os étant ensuite déposés dans un sanctuaire.
Se balader entre ces deux tours procurent un sentiment étrange, là encore comme hors du temps. Grimpez en haut de la plus haute pour surplomber la ville qui s’étend au loin. Et pourquoi pas, y regarder le coucher de soleil…
Goûter à la douceur du jardin de Dowlat Abad

Le jardin de Dowlat Abad, construit au cours du XVIIIe siècle, est l’un des ces typiques jardin persan où il fait bon se promener. Aux côtés du jardin de Fin à Kashan, du jardin d’Eram à Shiraz et de six autres jardins, il figure au Patrimoine mondial de l’Unesco.
La particularité de son pavillon, c’est son imposant Badguir qui se dresse au centre. Mesurant plus de 33 mètres, il s’agit de la plus haute Tour des vents au monde. Il est possible de se placer juste en dessous de la tour, pour sentir la puissance des vents frais qu’elle fait circuler dans la pièce.
Que visiter autour de Yazd ?
Depuis Yazd, il est possible de faire une visite d’une journée pour découvrir : le village abandonné de Kharanaq, le sanctuaire zoroastrien de Chak Chak et la ville de Meybod.
Une visite que je recommande vivement mais qui ne saurait se faire autrement qu’avec un chauffeur. Celle-ci fera l’objet d’un article dédié très prochainement 😉
Où loger à Yazd ?

Je n’ai cessé d’entendre du bien de Yazd RestUp Hostel, un joli hostel dans le centre de Yazd, proposant aussi bien des chambres individuelles que des lits en dortoirs.
Mon regret, c’est de ne pas encore avoir eu la chance de séjourner chez Nartitee Ecolodge. Cet homestay se situe à Taft, un petit village se trouvant à une vingtaine de kilomètres de Yazd. Ici vit une très importante communauté zoroastrienne, à laquelle appartient le couple qui tient Nartitee Ecologe. Située au milieu des champs de grenadiers, leur maison a une centaine d’années et vit aux rythmes de leurs traditions et leurs croyances.
Si vous avez le temps, prévoyez également une nuit dans le caravansérail de Zein o Din, à environ 70 kilomètres au sud de Yazd. Histoire de finir en beauté ce séjour enivrant dans la région de Yazd.
Où boire et manger à Yazd ?

Cafés et restaurants ne manquent pas à Yazd, et nombreux sont ceux qui ont un rooftop depuis lequel admirer vue sur la ville. Voici quelques lieux que j’ai pu tester moi-même et dont je garde un excellent souvenir :
- Yazd Art House : on y vient pour manger un succulent Kashk-e Bademjan et boire une infusion sur son rooftop, en admirant la vue une fois la nuit tombée.
- Marlik Book Café : un café situé dans un sous-sol, où les murs de briques sont cachés par les piles de livres. L’atmosphère y est décontractée et apaisante.
- Friend’s House : je garde un excellent souvenir de la nourriture que j’ai pu déguster dans ce café restaurant. Le cadre, en outre, est aussi idéal, puisqu’il s’agit d’une ancienne et belle maison traditionnelle.
Et pour terminer, voici quelques recommandations de la part de Zahra, une amie originaire de Yazd :
- Kohan Traditional Hotel : cet hôtel fait également café, dans un cadre traditionnel splendide.
- Nardoon Café: dans un style similaire à Yazd Art House, perché sur les toits. Le genre d’endroit où l’on se verrait facilement rester jusqu’au bout de la nuit.
- Iranian Old Café: situé plein cœur de Yazd, ce café sert plutôt de la nourriture occidentale, pour qui voudrait varier des kebabs !
Vous quittez Yazd ? Dirigez-vous vers la belle Shiraz, et visitez, en chemin le site mythique de Persépolis.


2 Comments
Marc
Bonjour,avec un ami nous allons bientôt découvrir Téhéran,nous aimerions savoir si il existe une “communauté” francophone,que l’on pourrait fréquenter pour prendre nos marques.
Peut-être devrions nous tenter notre chance au Cercle arménien(même si la diaspora arménienne en Iran doit être bien moins attirée,sinon pas du tout,par la culture française)?
Merci
dlorenzi
Bonjour Marc !
Il existe une petite communauté d’expat français à Téhéran, mais à vrai dire peu active à ma connaissance. Combien de temps restez-vous sur Téhéran ?