
Le guide complet des transports en Iran
L’Iran est un pays grand comme deux fois et demi fois la France. Aussi, choisir le bon mode de transport pour se déplacer entre les villes peut vite être stratégiquce. D’où ce “guide complet” des transports en Iran !
Bus “VIP”, trains, avions, le choix ne manque heureusement pas. À l’intérieur des villes elles-mêmes, il est également judicieux de se familiariser avec les différentes options, des taxis partagés aux applications de VTC. Tout comme il peut-être utile d’apprendre les bonnes pratiques piétonnes…

Quel moyen de transport pour se déplacer entre les villes en Iran ?
Choisir entre le bus, le train ou l’avion dépend avant tout de la durée de votre voyage et de votre budget. Avant de faire le tour des différentes options notez un point important. Pour les prix indiqués, j’ai volontairement omis de convertir en euros, étant donné les fluctuations du cours de la monnaie. Pour savoir comment se débrouiller avec des rials et à quel taux changer, lisez cet article sur l’argent en Iran.
Parcourir des kilomètres comme un·e “VIP”… en bus
Si vous avez lu mes autres articles, sur Kashan, Bushehr ou ailleurs, vous aurez compris que je suis une adepte du bus. C’est sans doute la meilleure façon de se déplacer en Iran. Des bus « VIP » quadrillent le territoire de manière très efficace. Derrière cet acronyme un peu exagéré, se cachent des bus extrêmement confortables, climatisés, parfois équipés d’un écran individuel et d’une prise USB.
Les liaisons entre les grandes villes du pays se font à intervales régulières, tous les jours. Entre Téhéran et Ispahan, il y a par exemple des départs plusieurs fois par heures. Si vous êtes dans la capitale, faites attention au nom du terminal, puisqu’il y en a quatre différents (nord, sud, est et ouest).
Pour les longs trajets, je recommande vivement les bus de nuit. Les sièges ne s’allongent pas mais s’inclinent, il est donc possible de dormir pendant une partie du trajet. Selon l’heure, le chauffeur s’arrête dans une station-service pour déjeuner ou dîner, et de manière générale des sucreries et des bouteilles sont incluses dans le prix du billet. Cela n’est pas systématique, alors pensez tout de même à prendre ce qu’il faut avec vous. Et gardez également à l’esprit que les arrêts peuvent être peu fréquents : avis aux petites vessies, bannissez le thé avec le départ !
Côté prix, le bus est imbattable. Dans les 300.000 rials pour un trajet de 2 à 3 heures et de 500.000 à 900.000 rials pour les trajets de plus d’une dizaine d’heures, dans un bus de nuit tout confort.

Comment réserver ses billets de bus ?
Si vous voyagez de jour entre deux villes importantes, il n’est pas nécessaire de réserver. Je me suis souvent rendu à la gare routière le jour-J afin d’y acheter un billet pour le prochain bus et attendre son départ. Pour les bus de nuit, en revanche, il est préférable d’acheter son billet un peu en avance. Particulièrement, lors des week-ends et en période de pointe.
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Ceux qui maîtrisent un peu le Persan peuvent consulter les horaires sur le site Payaneh et même réserver en ligne, à condition de posséder une carte bancaire iranienne. Les autres devront se rendre en personne au terminal ou demander à leur hôtel de réserver par téléphone. Il est également possible de passer par des agences de voyages en ligne, mais je n’en vois pas vraiment l’intérêt.
Prendre le train en Iran
Le train est Iran est généralement moins efficace que le bus, puisqu’il est plus lent et que les départs sont moins fréquents. Le prix est également légèrement plus cher, mais peut se justifier par le confort. Les trains de nuit sont des trains couchettes : on y dort bien et une voiture restaurant permet d’y prendre un repas.
Les compartiments sont généralement de quatre personnes, mixtes ou réservés aux femmes. Si vous voyez seul·e, c’est l’occasion de faire quelques rencontres et de passer, bien souvent, la soirée à rire avec vos compagnes·ons de voyage.
Comme pour les bus, des trains relient régulièrement toutes les principales villes d’Iran. Comptez environ dans les deux millions de rials pour un trajet de 15 heures, de nuit, entre Téhéran et Shiraz.
Il existe aussi plusieurs trains “scéniques” qui traversent le pays. C’est le cas notamment du train Dorud – Andimeshk que j’ai pu découvrir sur le blog “Lost With Purpose”. Traversant les provinces du Lorestan et du Khouzestan, dans l’est de l’Iran, il semble offrir des paysages naturels à couper le souffle. De même le train reliant Téhéran à Sari, dans le nord du pays, offre une magnifique traversée des montagnes de l’Alborz. J’espère avoir l’occasion de vous en dire plus à ce sujet un jour…

Comment réserver son billet de train ?
À l’instar du bus, il faut vous rendre dans une gare routière pour réserver vos billets. Vous pouvez avoir une idée des trajets et horaires sur le site (en anglais) Iranrail. Les prix ne sont, en revanche, pas fiables. Les persanophones peuvent quant à eux faire leurs recherches sur Raja.
Les trajets étant moins fréquents que pour les bus, il est vivement recommandé de réserver.
Le dilemme de l’avion
L’avion est sûrement l’un des moyens de transport les plus utilisés en Iran, étant donné les distances, un peu dingues, qui séparent les villes. Le gain de temps est considérable. Pour un trajet entre Téhéran et Tabriz, comptez au moins 7 heures de bus. Alors qu’en avion, le même trajet dure à peine une heure. Les départs sont réguliers et les prix sont également très bas : autour d’une quinzaine d’euros si vous réservez en avance.
J’ai souvent pris l’avion en Iran et je le referais sûrement, pour la raison que je viens d’expliquer. Pourtant, à chaque fois, je me promets que c’est la dernière ! Malheureusement, les flottes sont vieillissantes et les avions en mauvais état. Ce n’est pas vraiment rassurant, d’autant qu’il se produit régulièrement des catastrophes aériennes dans le pays (rapportées au nombre de vols par jour, cela doit rester faible statistiquement). La faute aux sanctions internationales, qui empêchent les compagnies de pouvoir rénover et réparer correctement leurs appareils.
Si vous optez tout de même pour l’avion, préférez des compagnies fiables, telles que Qeshm Air et Mahan.

Comment réserver son billet d’avion ?
Ici, pas de surprise : cela fonctionne comme partout dans le monde. À défaut de posséder une carte bancaire iranienne, demandez à votre hôtel ou à une compagnie de voyage de réserver votre billet.
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Les comparateurs de vols du type Skyscanner n’incluent pas les vols intérieurs effectués par des compagnies iraniennes. Pour connaître les horaires, les persanophones peuvent consulter le site Alibaba.ir.
Utiliser les transports en commun dans les villes iraniennes
Vous êtes désormais arrivé·e·s à bon port, en bus, en train, en avion ou par tout autre moyen. Félicitations ! Il est maintenant temps de se familiariser avec les transports intra-muros à votre disposition.

Les applications de VTC, vos meilleures amies
Je me demande souvent comment je m’en sortirais, à Téhéran, si Snapp n’existait pas. Cette application est le pendant iranien de Uber. Elle peut s’utiliser en anglais et même en français, et est disponible sur iOS comme Android.
Le principe est le même qu’avec Uber : vous indiquez votre point de départ et votre destination sur une carte, et vous attendez qu’un· chauffeur·e accepte votre demande. Le prix est déterminé d’avance en fonction du trajet de la circulation. Vous pouvez ensuite régler votre chauffeur·e en espèces.
L’application concurrente Tap30 (prononcez “Tap Çi“) fonctionne de la même manière. Désormais, toutes les grandes villes d’Iran sont couvertes par Snapp, et parfois par Tap30. C’est une véritable bénédiction quand on ne maîtrise pas les transports en communs locaux. La grande différence avec les taxis, c’est que le prix n’est pas déterminé à la tête du client. Comptez en général de 120.000 à 300.000 rials selon la course dans une ville comme Téhéran. Les prix, en dehors de la capitale, sont moins élevés.
Pour utiliser ces applications, il vous faut bien sûr un accès à internet et une carte sim locale. Le revers de la médaille, c’est que la plupart du temps le·la conducteur·rice vous appelle pour confirmer la course. Même si ce n’est pas nécessaire, puisque vous êtes géolocalisé. Si vous ne répondez pas, le·la chauffeur·e risque d’annuler. La technique consiste donc à se précipiter sur le premier passant en lui tendant son téléphone, et cela se fini généralement bien !

Entre taxis partagés et “dar baste“
Vous pouvez bien évidemment utiliser les taxis officiels qui courent les rues. Parfois gârés à des croisements stratégiques, vous pouvez également leur faire signe depuis le bord de la route. Ces taxis sont toujours de couleur jaune ou verte. Essayez de déterminer le prix avant d’entamer la course, pour éviter tout malentendu.
Pour votre sécurité, ne montez pas à bord de taxis “sauvages”. De manière générale, tout véhicule en Iran peut soudainement faire office de taxi. C’est la raison pour laquelle vous verrez une succession de voitures vous faire des appels de phares et klaxonner lorsque vous attendez au bord de route. N’ayez pas le réflexe de leur faire “non” d’un signe de la main, cela pourrait au contraire leur faire croire que vous leur demander de s’arrêter.
Ces taxis individuels sont appelés “dar baste“, ce que vous entendrez de nombreux chauffeurs crier près de leur véhicule. Littéralement, cela veut dire “porte fermée”.
De nombreuses autres voitures font également des trajets fixes, le long d’une grande artère ou entre deux carrefours importants. Il s’agit de taxis partagés (“nah dar baste“). Garés à des endroits fréquentés, leurs chauffeurs crient généralement le nom de la destination pour faire venir les passager·e·s. Il ne partent que lorsqu’ils sont plein et le prix des trajets varie, mais coûte généralement dans les 20.000 rials pour de très courtes distances. J’avoue ne pas encore bien maîtriser ce mode de transport, donc je ne le conseillerais pas forcément à des touristes.
Petite astuce si vous optez pour les VTC et taxis. Sachez qu’il est plus commun de s’asseoir à l’arrière du véhicule, en particulier pour les femmes (plus de tranquilité), qu’à l’avant (en dehors des taxis partagés où toutes les places sont occupées).

Utiliser le métro en Iran
Plusieurs grandes villes iraniennes possèdent un métro, dont Téhéran, Shiraz, Ispahan, ou encore Mashhad. Inutile de se livrer ici à des longues explications, puisque cela n’a rien de plus compliqué qu’ailleurs.
Notez tout de même une singularité, et non des moindres : les premières et dernières voitures du métro sont réservées aux femmes. Les hommes n’y sont donc pas autorisés, mais en revanche les femmes peuvent aussi monter dans les compartiments mixtes. Je ne suis pas favorable, dans l’idée, à ce type de ségrégation. Mais je dois hélas reconnaître qu’en tant que femme, cela me procure une certaine sécurité, particulièrement en heure de pointe.
Prendre le métro pour rejoindre l’aéroport
Pour ce qui est du métro de Téhéran, le réseau compte quatre lignes et ne dessert que partiellement la ville. Pour les déplacements en centre-ville, c’est tout de même un excellent moyen de lutter contre les embouteillages.
La ligne 1 relie l’aéroport international Imam Khomeini. Cependant il n’y a qu’un train toutes les heures environ, avec un premier départ à 6h50. Lorsque vous arrivez à l’aéoport, préférez les taxis locaux. Le trajet, d’environ une heure, vous coûtera dans les 15 euros. L’aéroport Mehrabad, pour les vols intérieurs, est également desservi par la ligne 4 du métro.
N’hésitez pas à télécharger l’application mobile Tehran Metro (en anglais) pour vous aider dans vos déplacements.

Bus “BRT”, locaux et minibus
Naturellement, après le métro et le taxi restent : les bus. Il existe différents types de bus dans les villes iraniennes. Les bus réguliers coûtent un peu moins de 10.000 rials le trajet. Même chose pour les “BRT”, qui ont l’avantage d’être modernes et de circuler rapidement sur des voies leur étant réservées.
Hélas, le réseau de bus est assez cryptique. À ce-jour, je n’en ai toujours pas trouvé de carte complète. Un ami téhéranais à qui je posais la question de comment savoir quelle ligne prendre m’a simplement répondu qu’en général, on demande à l’arrêt de bus…
Sachez que les bus de ville sont ségrégés, et ce n’est pas optionnel comme dans le métro. Dans les BRT, les femmes montent à l’avant et les hommes à l’arrière. Et inversement pour les bus standards.
Enfin, il existe de nombreux mini-bus verts, qui fonctionnent comme les taxis partagés. Cela peut être pratique pour se rendre par exemple à Darband : à la sortie du métro Tajrish, des mini-bus de ce type assurent le trajet pour 20.000 rials.

Bonus : être un piéton en Iran, les bonnes pratiques
La première fois qu’il m’a fallu traverser une rue, seule, à Téhéran, je me souviens être restée de longues minutes sans savoir comment m’y prendre. Et pour cause, la circulation en Iran, et particulièrement dans la capitale, est chaotique.
Un joyeux désordre où les chauffeur·e·s semblent, malgré tout, savoir ce qu’elles·ils font. C’est ce que l’on se dit, en tout cas, en observant le ballet des véhicules devant soi. La vérité est en fait, tout autre. L’Iran est l’un des pires pays au monde en matière de mortalité routière…
Maintenant que je vous ai bien effrayé, laissez moi vous donner quelques astuces pour traverser la rue sans y laisser la peau.
Principe n°1 : traverser sans paniquer !
Tout d’abord, n’imaginez pas que les véhicules vont s’arrêter pour vous, ou même vous esquiver, comme dans d’autres pays. Ici, c’est au piéton d’éviter les véhicules. Pour cela, la règle de base est de traverser tranquillement. Paniquer et traverser en courant est la meilleure façon de surprendre les conducteur·rice·s. Ce qu’il est préférable d’éviter…
Principe n°2 : les locaux savent toujours mieux que vous !
Dans les premiers jours, le plus simple reste d’emboîter le pas de locaux pour traverser en même temps. Technique testée et approuvée pendant de longs mois.
Principe n°3 : le combat de l’eye-contact
Dernière astuce, pour la route : vous pouvez faire comprendre au chauffeur·e que vous allez passer par un geste décidé de la main, où mieux encore, en la·le regardant dans les yeux. Ce n’est pas évident à maîtriser lorsque l’on se concentre sur la distance qui nous sépare du pare-chocs, mais l’effet est garanti.

Rassurez-vous, on prend rapidement confiance et traverser ne s’avère pas si compliqué. Tout comme trouver son bus, et arriver à bon port. En tant que voyageur·se, vous aurez de toute façon toujours des Iranien·ne·s prêts·es à vous venir en aide !


One Comment
FabGreg
Pour les transports longue-distance régionaux, le ** savari ** mériterait d’être référencé. Sur certains axes, c’est même le seul et unique moyen de transport.
Pour les non initiés, c’est un taxi collectif qui opère sur une ligne déterminée, par ex. Na’in – Ispahan, Ahar – Kaleybar, Kaleybar – Eskanlu… Il part quand il est plein, donc rarement interceptable en cours de trajet (il faut qu’un passager soit descendu auparavant). Tarif fixé par une coopérative, non négociable, mais certains chauffeurs tentent de profiter de l’étranger néophyte.
Le savari est plus rapide, plus fréquent, et un peu plus cher que l’autocar, mais sans horaires définis et d’une sécurité non garantie (certains conducteurs veulent rivaliser avec Senna ou Schumacher… jusqu’au cimetière). A la différence des autocars, les savaris n’ont pas l’obligation de présenter un tachymètre à la Police routière.
Fabrice