
Téhéran Nord : dans les allées du bazaar de Tajrish
Téhéran est une ville complexe et aux multiples visages. Immense comme sept fois la taille de Paris, il n’est pas étonnant que la capitale iranienne présente différents visages selon ses quartiers. Choisir de visiter le nord, le centre, ou l’ouest offre une toute autre ambiance, tant d’un point de vue socio-culturel qu’en terme de visites. Pour cette première virée téhéranaise, direction le nord de Téhéran, dans les allées du bazaar de Tajrish.
Tajrish, un ancien village dans la ville
Historiquement, le nord de Téhéran a toujours été un quartier riche, résidence des rois autrefois, quartiers bourgeois par excellence aujourd’hui. Téhéran, telle qu’elle apparaît de nos jours, est née dans les années 1930 et s’est étendue à toute allure jusqu’aux pieds (littéralement; ou presque) des montagnes de l’Alborz.
À l’origine, les quartiers de Tajrish et alentours étaient donc de paisibles villages, et dans cette capitale un peu folle, ces coins ont gardé un calme (très) relatif par rapport au centre-ville. Le charme de ces lieux doit beaucoup à la proximité des montagnes, que l’on peut admirer depuis la place Tajrish.
Dans le bazaar de Tajrish

Il existe à Téhéran deux principaux bazaars : le Grand Bazaar, dans le centre-ville, et celui de Tajrish, au nord. Je dois vous faire une confession : je n’aime pas particulièrement le Grand Bazaar de Téhéran. Peut-être parce que je ne le connais pas assez bien, ayant été à chaque fois effrayée par la foule lorsque j’ai essayé d’arpenter ses allées labyrinthiques. En revanche, celui de Tajrish m’a charmé dès la première visite.
Que faire et que voir au bazaar de Tajrish ?
Pour acheter ses derniers souvenirs avant de partir, ou bien prend le pouls de la ville en arrivant, le bazaar de Tajrish offre à mes yeux l’une des plus agréables visites à Téhéran. Un condensé d’odeurs, de couleurs, de sons,… Comme tout bazaar, on y trouve de tout, des épices (tonnes de safran incluses) aux objets artisanaux. L’allée principale du bazaar débouche sur un large espace couvert, où se vendent fruits et légumes.

Tajrish est bien plus petit que le Grand Bazaar, ce qui le rend d’autant plus agréable. On y arpente facilement ses allées, peu labyrinthiques, et surtout très belles architecturellement. Flâner dans le bazaar peut prendre d’une quinzaine de minutes à des heures, selon si vous décidez d’y faire des emplettes, boire un khak-e shir (une boisson sucrée avec des graines marron) en observant simplement la vie suivre son cours et les gens vaquer à leurs occupations.
Quand et comment se rendre au bazaar de Tajrish ?
Le bazaar de Tajrish présente l’énorme avantage d’être ouvert tous les jours de la semaine, vendredi inclus, de 9 heures du matin environ à 9 heures du soir.
Il se situe entre la place Tajrish et la place Qods, où se trouve le terminus de la ligne 1 du métro.

Visiter les alentours du bazaar de Tajrish
Prendre son temps à l’Imamzadeh Saleh
Impossible de manquer l’Imamzadeh (le mausolée d’un imam) qui jouxte le bazaar de Tajrish. Plutôt récent et d’une taille modeste, l’Imamzadeh Saleh reste un lieu que j’apprécie particulièrement. Une courte visite permet d’admirer les mosaïques qui décorent chaque parcelle des murs de sa cour.
L’intérieur des salles de prières (l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes) est recouvert de fins miroirs, du sol au plafond, comme toujours dans les mausolées d’Iran. Pour admirer le dôme de plus près, le mieux est de se rendre au dernier étage de la partie moderne du bazaar.

La visite du mausolée est gratuite. À noter, en revanche, que les femmes doivent porter un tchador (prêté à l’entrée) dans les parties communes.
Bien qu’athée, j’ai adoré l’atmosphère de ce lieu la première fois que je me suis rendue à l’intérieur du mausolée : ce n’est pas simplement un lieu de prière, mais aussi un lieu de vie. Ici trois jeunes femmes discutent en rigolant doucement, smartphone en main, quand une autre entame son déjeuner apporté dans un tupperware. Plus loin, des enfants courent entre leurs mères, près d’une jeune femme lisant le Coran, son tchador posé sur les jambes, alors qu’une autre, adossée au mur, est perdue dans ses pensées, ses écouteurs dans les oreilles….
Entamer l’avenue Vali Asr par le haut
Si vous avez l’ambition de visiter Vali Asr, l’avenue la plus longue du Moyen-Orient, mieux vaut débuter par la place Tajrish, qui se trouve en hauteur. Je n’ai pas (encore) eu le courage de le faire moi-même, mais d’après la visite qu’en a faite mon amie Pontia, qu’elle raconte (en anglais) sur son blog My Persian Corner, c’est une super façon de découvrir Téhéran.
Si vous n’avez pas la journée devant vous, vous pouvez simplement marcher, depuis Tajrish, jusqu’au jardin “Bagh Ferdows“. Ce petit parc abrite un beau monument qui est aujourd’hui le Musée du Cinéma. La visite de ce dernier est assez rapide et n’apporte pas énormément d’information. Elle parlera surtout aux aficionados du cinéma iranien, et du cinéma en général.
Posez vous dans l’un des cafés du parc et faite un détour par la chouette librairie Howze Noghre, pour goûter à l’atmosphère libertaire de ce quartier prisé des jeunes téhéranais·es. En chemin, ouvrez grand les yeux pour dénicher les sculptures loufoques et autres street arts qui habillent le bord de l’avenue.

Où boire et manger autour de Tajrish ?
Je suis loin de connaître toutes les bonnes adresses, mais voici tout de même quelques endroits glanés au fil de mes visites à Tajrish :
Pour le déjeuner, deux options kebabs s’offrent à vous : directement dans les allées du bazaar pour une somme plus que modeste. Ou bien un peu plus loin, chez Heeva Cafe Kebab. Les prix sont assez élevés, mais gardez en tête avant de commander, qu’un plat nourrit au moins deux personnes.
Goûtez l’Ash, une soupe de nouilles et légumes, ou le Halim (une soupe de viande très épaisse, avec du sucre et de la cannelle. Oui, oui. Aussi étrange que cela puisse paraître, la combinaison fonctionne plutôt bien) de Ash-e Seyyed Mehdi, une institution.
Traversez la rue pour déguster une glace au safran chez Akbar Mashti, le plus ancien glacier de Téhéran.
Juste à côté, dans un complexe récent qui accueille un cinéma, se trouve également le Rouhi Café, qui propose de quoi grignoter (Kashk-e Bademjoon, Kookoo Sabzi…) et surtout des boissons fraîches, “sherbet“, à tomber !
Pour poursuivre la visite du nord de Téhéran, je vous emmène dans le prochain article à Darband, un paradis au pied des montagnes.

